Depuis le lundi 1er août, l'intégralité du territoire (96 départements) se trouve dans le "plan sécheresse" du gouvernement. Dans ce cadre, les préfets sont amenés à prendre des mesures afin de limiter l'usage de l'eau. Pour que les limitations soient bien définies, l'Etat a fixé quatre niveaux d'alerte : le seuil de vigilance, l'alerte, l'alerte renforcée et la crise.
55 départements, dont le Nord, disposent de zones précises qui atteignent le niveau de "crise" (rouge). A ce stade, les autorités limitent les prélèvements aux activités prioritaires, celles des domaines de la santé, de la salubrité, de l'accès à l'eau potable ou encore de la sécurité civile, très sollicitée en raison des incendies.
Dans les 34 départements concernés par des niveaux d'"alerte renforcée" (orange), comme l'Oise et la Somme, les pompages pour l'agriculture sont réduits d'au moins 50% et il existe des limitations sur l'arrosage des jardins, golfs et lavage de voiture. Certains prélèvements sont interdits.
Dans les 4 départements en "alerte" (jaune), comme le Pas-de-Calais et l’Aisne, les agriculteurs ont l'obligation de diminuer leur usage de près de 50% par semaine, certains prélèvements pour des activités nautiques sont interdits et l'arrosage des espaces verts est autorisé à certaines heures seulement.
Enfin, les 3 départements en "vigilance", les particuliers comme les professionnels sont incités à faire des économies d'eau.
Après un hiver plus sec que la normale, le troisième printemps le plus chaud et un mois de juillet qui devrait devenir le plus sec jamais enregistré, les phénomènes de sécheresse se multiplient logiquement sur tout le territoire.
La baisse des niveaux d’eau a des conséquences sur les prélèvements d’eau dans les milieux ou dans les nappes : si le niveau d’eau devient trop bas pour permettre aux ouvrages de prélèvement de fonctionner, il est impossible de prélever l’eau. Certains usages peuvent alors être compromis : la production d’eau potable, le refroidissement des centrales nucléaires, la navigation fluviale, etc.
Ces phénomènes associés à la sécheresse peuvent aussi avoir des impacts sanitaires. Les proliférations d’algues sont susceptibles de conduire à des rejets de gaz toxiques, rendant dangereuse la pratique de la baignade ou d’activités au contact de l’eau telle que la pêche. La dégradation de la qualité de l’eau implique des surcoûts de traitement pour sa potabilisation, et peut même conduire à une eau impropre à la consommation.
Des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents
Oiseaux, petits mammifères ou encore insectes : comme nous, les animaux sauvages doivent composer avec les fortes chaleurs et la sécheresse qui touche toute la France.
Le changement climatique modifie déjà le cycle de l’eau. Les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents et débutent plus tôt dans l’année.
Cela a de multiples impacts sur les milieux aquatiques, de par la baisse des niveaux d’eau. La biodiversité est directement touchée, et souffre aussi de la détérioration de la qualité de l’eau suite à l’échauffement et à la moindre dilution des pollutions.
La baisse des niveaux associée au manque d’eau peut rendre certains obstacles infranchissables, supprimer des connexions entre plusieurs parties d’un cours d’eau ou restreindre l’accès aux milieux annexes. Cette fragmentation des milieux peut empêcher la mobilité des espèces comme les poissons ou les amphibiens. L’assèchement complet d’une partie du linéaire de la rivière, provoque directement la mort de toutes les espèces peu mobiles et incapables de survivre au manque d’eau..
On observe également la diminution de l’activité des poissons suite à l’élévation de la température, développement plus important d’algues microscopiques, épisodes d’asphyxie, etc. Mais aussi la modification de la végétation dans les milieux aquatiques : la baisse des niveaux peut conduire au développement rapide de certaines espèces, alors que d’autres espèces peuvent disparaître de manière plus ou moins prolongée.
« Les plus vulnérables sont principalement les espèces d'insectes ou de batraciens inféodés à des petites mares temporaires ou situées dans la tourbe qui sont à sec depuis un bon moment. Eux sont directement impactés », souligne Alexandre Lasnel, chef d'unité départemental de l'Office français de la biodiversité en Gironde, un département touché par les incendies mais aussi par des températures caniculaires et une sécheresse inquiétante en juillet. « Si jamais on n'a pas de pluies qui permettent de réapprovisionner un peu les mares, on risque d'avoir de la mortalité », s'inquiète-t-il.
« La faune peut parcourir de nombreux kilomètres à la recherche d'une flaque ou d'une mare et mourir de fatigue », note la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) dans un communiqué sur la canicule.
Par ailleurs, « le manque d’eau a des conséquences sur la végétation et peut impacter les herbivores, comme le chevreuil, qui se nourrissent principalement de bourgeons », note Alexandre Lasnel. « Comme la production de bourgeons est plus faible, la disponibilité alimentaire s’en retrouve réduite » pour ces cervidés, ajoute-t-il.
Les oiseaux sont parmi les animaux les plus touchés par les fortes chaleurs, souligne la Ligue de Protection des Oiseaux, qui assure avoir accueilli de nombreux volatiles ces dernières semaines en raison de la canicule. Notamment « des individus encore au nid, qui sont parmi les plus touchés », explique Anne-Laure Dugué, responsable du programme faune sauvage en détresse à la LPO.
Dans nos centres de soins, les espèces qui rentrent énormément sont les martinets ou les hirondelles car ils nichent sous les toitures, dans des petites cavités. S'il fait plus de 40°C à l'extérieur, la température peut dépasser les 50°C dans le nid. Donc les jeunes ont tendance à s'avancer vers le bord pour aller chercher un peu d'air frais à l'extérieur, et tombent. Malheureusement, ils ne sont pas prêts à s'envoler...
Anne-Laure Dugué, Responsable du programme "Oiseaux en détresse" de la LPO
De nombreuses autres associations confirment ce constat. Goupil Connexion, qui sensibilise le public à la faune sauvage dans l'Hérault et dans le Gard, a récemment tiré la sonnette d'alarme sur la mortalité des hirondelles dans ces deux départements, selon France Bleu.
La situation climatique actuelle a de graves conséquences sur la nature qui nous entoure et donc sur notre qualité de vie. Au-delà des impacts directs que nous vivons quotidiennement, les méfaits de la sécheresse et des canicules inscrivent dans la durée un dérèglement des écosystèmes dont nous sommes totalement dépendants.
Retrouvez l’intégralité de nos indicateurs traitants de la santé de la biodiversité des Hauts-de-France via ce lien : https://www.observatoire-biodiversite-hdf.fr/sites/default/files/documents/medias/documents/broch-indic2019-planchescouv-bdpdf.pdf
Sources : ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, Ministère de la transition énergétique, Propluvia, Eau France, l'Express, Le Bien Public