État de conservation des mammifères marins des Hauts-de-France
Le temps des vacances d’été a sonné et nous sommes nombreux à prendre le chemin du bord de mer pour de plus ou moins longs séjours. La biodiversité des dunes et des plages commence à être mise en lumière et à disposition du grand public au fil des ans. Mais qu’en est-il des mammifères marins qui partagent avec de nombreux touristes leur lieu de vie le temps d’un été ?
Ces mammifères ont réussi à coloniser tous les milieux marins, et même certaines eaux continentales. À l’heure actuelle, 119 espèces sont connues et étudiées à l’échelle planétaire.
Or, parmi elles, cinq ont d’ores et déjà été déclarées comme éteintes.
En ce qui concerne la France, 71 espèces ont été recensées en incluant l’Outre-mer.
Si on ne considère que le territoire métropolitain, ce nombre est de 40, dont 18 espèces uniquement présentes de manière occasionnelle ou marginale.
Parmi les 22 espèces évaluées, deux ont disparues du territoire : le Phoque moine de Méditerranée Monachus monachus et la Baleine franche de l’Atlantique Nord Eubalaena glacialis.
On dénombre également huit espèces dont les données sont insuffisantes et ne possédant donc pas de statut de menace propre.
Malgré ces lacunes, l’aggravation de la situation des mammifères marins est déjà perceptible : 32 % sont menacés ou quasi menacés en 2017, contre 25 % en 2009. Cette tendance reflète directement la santé des océans et mers du globe, qui subissent de plus en plus de pressions, dont certaines exogènes, menaçant l’ensemble de la flore et de la faune marines.
Dans la dernière Liste rouge des mammifères de Picardie datant de 2016, seules quatre espèces sont observées de façon régulière et ont donc pu être évaluées : 2 Phocidés (phoques) et 2 Cétacés (dauphins et baleines au sens large).
Les deux espèces de phoques, le Phoque veau-marin Phoca vitulina et le Phoque gris Halichoerus grypus, sont toutes deux facilement observables. Leur suivi est ainsi possible depuis leur retour naturel sur le littoral des Hauts-de-France dans les années 1980. Pour le Phoque veau-marin, bien que ses effectifs soient toujours à la hausse et que la colonie soit reproductrice depuis 1992, il reste classé comme « Vulnérable » puisque de nombreux dérangements liés aux activités anthropiques sont recensés.
Une amélioration est cependant à noter pour le Phoque gris qui a vu son statut progresser de « En danger » à « Vulnérable » depuis l’évaluation de 2009, grâce à une dynamique de population positive et à l’apparition des premières naissances sur la côte.
En revanche, les Cétacés présents en Haut-de-France sont difficiles à observer, du fait même de leur biologie strictement marine, les moyens de détection sont difficiles à mettre en place. De plus, certaines espèces sont farouches et cela rend leur observation encore plus compliquée.
Les données disponibles pour ces espèces, en l’occurrence le Marsouin commun Phocoena phocoena et le Grand Dauphin Tursiops truncatus ne sont donc pas suffisantes pour permettre de statuer sur leur degré de menace. En effet, le nombre de mentions dans les bases de données est restreint avec 89 observations de Marsouins communs vivants et seulement 5 observations pour le Grand Dauphin. En terme d’évolution, la situation a très peu changé depuis la dernière évaluation de 2009. Le manque de connaissances sur les espèces de Cétacés est toujours aussi important.
Une Liste rouge est un véritable outil permettant d’identifier les menaces pesant sur les espèces, de déterminer celles nécessitant des actions urgentes de conservation, d’alerter et de sensibiliser le grand public et les gestionnaires et d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place pour les préserver.
Cependant, pour certains taxons* comme les mammifères marins, il existe des difficultés liées à la biologie même de ces espèces ne permettant pas l’utilisation de la méthode de l’IUCN pour l’ensemble de ce taxon. En effet, contrairement aux animaux terrestres, l'écologie de ces espèces est moins bien connue. Leur aire de répartition* est donc vaste et floue du fait de leur importante capacité de dispersion. De même, il est possible d’observer des individus erratiques* en dehors du secteur habituel de présence. Bien que recensées sur un territoire à un moment donné, ces espèces ne peuvent donc pas faire partie de Liste rouge régionale.
De plus, les Cétacés sont strictement marins et donc difficilement observables. La mise en place d’un protocole et de moyens spécifiques sont alors nécessaires. Le manque de données pour ce groupe est par conséquent régulier et l’évaluation du statut de ces espèces reste impossible en l’état.
À l’échelle des Hauts-de-France, plusieurs espèces sont ainsi dans ce cas de figure : le Globicéphale noir Globicephala melas, le Cachalot Physeter macrocephalus, le Lagénorhynque à bec blanc Lagenorhynchus albirostris, le Petit Rorqual Balaenoptera acutorostrata, la Baleine à bosse Megaptera novaeangliae et le Dauphin commun Delphinus delphis. Il ne faut cependant pas les oublier puisque leur présence en région a été documentée par au moins une observation d’un individu vivant, lors de prospections aléatoires ou ponctuelles, ou par une donnée d’échouages d’individus morts ou vivants, via le Réseau national échouage (RNE).
Il est donc capital de continuer à approfondir les connaissances sur ces espèces marines pour pouvoir avoir une meilleure vision d’ensemble de leur situation. Nous pourrons ainsi déterminer l’état de santé de leur population et les menaces pouvant peser sur elles. En effet, protection et connaissance sont, bien souvent, intimement reliées.
Pour en savoir plus suivez ce lien : https://www.observatoire-biodiversite-hdf.fr/sites/default/files/docume…